Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 22 mars 2006

Conférence nationale de lutte contre l'exclusion (CNLE): la prévention sera au cœur des débats

La prochaine Conférence nationale de lutte contre l'exclusion (CNLE) aura lieu le 10 avril. Cette conférence sera précédée de cinq rencontres territoriales (Bretagne, Rhône-Alpes , Champagne-Ardenne, Nord-Pas de Calais et Aquitaine ) pour la prévention et la lutte contre l'exclusion qui aborderont chacune une thématique spécifique. Selon le dernier rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, la pauvreté touchait 3,7 millions de personnes en 2003, affectant surtout les femmes seules avec enfant et les moins de 25 ans. Le nombre d'allocataires du RMI (revenu minimum d'insertion) en France métropolitaine a augmenté de 4,7% en 2005, atteignant plus de 1,1 million, selon les statistiques de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Le premier des deux rapports préparatoires ne formule pas moins de 54 propositions visant à «prévenir pour mieux lutter contre l'exclusion», selon l'intitulé de ses conclusions. Deux grandes pistes de réflexion sont ouvertes: inverser d'une part nos modes de représentation de la pauvreté et des causes de l'exclusion, pour développer une «culture de la prévention» et, d'autre part, rechercher les meilleures façons de soutenir les personnes dans leur parcours de vie, afin que «les étapes de la vie, les ruptures et les transitions soient franchies de façon dynamique», en rendant accessibles «aux moins avertis les outils pour accéder à leurs droits et participer à la vie sociale». Soulignant la «volonté politique forte» qui doit accompagner le changement de point de vue sur la précarité, le groupe de travail préconise notamment de s'inspirer des propositions - «toujours d'actualité», selon lui - faites, en juillet 2004, au Comité interministériel de lutte contre l'exclusion (CILE), qui a suivi la première Conférence nationale de lutte contre l'exclusion. Il s'agit donc, en particulier, d'améliorer les accueils administratifs et juridiques des personnes, de rendre opposable le droit au logement et de renforcer les aides à la scolarité, ainsi que d'organiser, au niveau local, un système de veille sociale pour pointer les dysfonctionnements et dénoncer les atteintes au droit, indique le rapport, rédigé par Danielle Ballet, de la Direction générale des affaires sociales (DGAS). Autre objectif prioritaire dans cet esprit: l'éradication de l'illettrisme, «véritable fléau et l'un des premiers facteurs d'exclusion». S'inspirant largement d'autres travaux et expériences menés sur le sujet, en France et en Europe, voire au Canada, le groupe de travail recommande une plus grande cohérence entre politiques générales et politiques spécifiques, en soulignant que «même si la LOLF présente une avancée, nos politiques restent fondamentalement organisées sur une logique de tuyaux d'orgue», autrement dit de juxtaposition des dispositifs, contre-productive par les gaspillages qu'elle génère, la multiplication des relations de guichet et les insuffisances non détectées. Faciliter l'organisation des familles, mettre en place un service public d'accueil de la petite enfance et réconcilier les parents avec l'école pour favoriser le «réinvestissement culturel de l'école par les enfants», figurent parmi les autres propositions de ce rapport, qui suggère, en outre, de créer une allocation de formation entre 18 et 25 ans, ainsi que de mettre en place un «revenu contractuel d'accès à l'autonomie» pour les jeunes les plus en difficulté, avec un «fort accompagnement relationnel». Dernier point, susceptible à la fois d'améliorer la connaissance du phénomène de pauvreté en France et de sécuriser les parcours sociaux: la CNLE se prononce en faveur de l'alignement du seuil de pauvreté français sur le seuil européen, soit 60 % du revenu médian, qui constitue d'ailleurs une revendication de longue date des associations de lutte contre l'exclusion.

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